Sperme

Songeons qu’une seule goutte de sperme a suffit à produire chacun d’entre nous, et avant nous tous ceux qui ont vécu : savants, sages, rois, empereurs, bandits, criminels, saints, génies, meurtriers, prophètes… tout comme une seule goutte suffira à produire tous ceux qui viendront après nous. Nos vies sont comme ces peintures virtuelles que révèlent sur le papier une seule goutte d’eau, et c’est en amont qu’il faut en penser l’histoire, non pas en aval et dans ce produit qui passe son temps à se demander ce qu’il fait ici, souvent sans se rendre compte qu’il n’est d’abord que le résultat d’une seule goutte de liquide et sans réfléchir à la beauté, et à la gratuité de l’être… L’histoire de l’humanité s’inscrit en effet elle-même dans une histoire plus large, qui est celle du sperme, dans laquelle le même élément fondateur est à l’origine de tant d’espèces. Alors que nous tenons généralement pour acquis que le sperme (et comme ce qui s’en suit dans l’amour, l’érotisme, la sexualité, etc.), fait partie de l’histoire de l’humanité, c’est en fait le contraire qui est le cas. C’est l’humanité qui fait partie de l’histoire du sperme.

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Descartes

La continuité de Descartes à Sade est inscrite dans le cogito. Si la pensée est la garantie de l’immanence de l’être, toute pensée est garantie par son être et on n’a pas le droit de décider que telle ou telle pensée n’a pas le droit d’exister.

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Respiration

Sade, et l’art de respirer ? Au sens où Platon estime que tout savoir est un ressouvenir, ne pourrait-on pas supposer que la lecture de Sade est comme le ressouvenir… d’un certain souffle, d’une certaine façon de respirer, à la fois plus lente et plus délibérée, comme le fut la sienne. Nous ne respirons plus le même air. Le nôtre est appauvri. Nos poumons sont atrophiés (au point même où certains sont incapables de supporter la lecture de Sade et referment aussitôt le livre, parce que, je le suppose, ils ont le sentiment que leurs poumons vont éclater). Cette œuvre est en ce sens un miracle, puisque l’air qu’elle contient, et lequel est comme un bol d’oxygène, serait perdu si Sade n’avait rien écrit… Il n’y a aucune autre œuvre où l’on peut aller mieux se ressourcer en respirant ce souffle, cet air pur, tonique et fort qui y circule, et respirer en lui ce qui grise et qui donne envie de vivre.

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Anthropocentrisme

Peut-on réconcilier les dix-huitiémistes ? Il y a un gouffre entre Rousseau et Sade ; moins entre Sade et Voltaire, parce que Voltaire aussi est déterministe, mais en même temps, il n’aurait jamais accepté le déterminisme sadien, et aussi parce qu’il partageait avec Rousseau une même vision anthropocentrique du monde. Cette vision qui place l’homme au centre du monde est à l’inverse de celle de Sade, pour qui la nature doit se concevoir à partir de l’unité, et non pas de la supériorité d’une de ses composantes, ce qui suppose aussi une sortie de l’humanisme et de l’humanité pour un horizon plus vaste, où la valeur de l’homme se mesurera d’abord dans l’acceptation de l’égalité des valeurs. Conception nouvelle et révolutionnaire pour l’homme des Lumières, bien au-delà des préoccupations des philosophes aussi bien déistes que matérialistes, puisque même les approches d’un d’Holbach ou d’un La Mettrie restent rattachées à l’humanisme, la vision de Sade se situant au-delà de cet horizon. « Il faut beaucoup de philosophie pour me comprendre », fait-il dire à un de ses héros, et cette philosophie se situe au-delà des préoccupations, ou de la compréhension de Voltaire ou de Rousseau comme de la majorité des penseurs de l’époque. Nous sommes donc ici dans une situation de conflit, puisque s’il est bien entendu possible de faire des études comparatives avec eux, il n’en reste pas moins que la vision du monde des philosophes reste incompatibles avec celle de Sade. Il faut soit en rester à Rousseau et à Voltaire (ou Montesquieu et etc.), dont les idées ont amené la Révolution française, ou choisir que c’est Sade qui représente vraiment la philosophie des Lumières. Il n’est pas possible de faire les deux. Les points de vue de Sade et des philosophes sont incompatibles, et soit on voudra que l’homme soit au centre de l’univers, ou pas, mais on ne peut pas avoir les deux.

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Morale

Peut-on être vraiment moral sans être aussi a-moral ? Etre seulement moral ne suppose vraiment aucune connaissance de la morale, alors que l’a-moralité enseigne la relativité des valeurs, et que c’est à partir de là qu’on peut comprendre le sens de la morale. L’homme a-moral trouve ailleurs la relativité ses repères, et d’abord dans la compréhension que la morale n’est qu’une façon d’être et ne diffère pas en tant que chose du pruneau ou du pain au chocolat… Libéré des contingences morales, l’esprit peut saisir l’unité de l’être et comprendre que la véritable morale commence précisément là où finit la morale.

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Shakespeare and Sade

Macbeth.

Squarely misogynistic. Also, the play shows the limits of tragedy. It shows you how bad passions are (and the women-witches that inspire them), instead of telling you what our passions are, as Sade does. Hence, philosophy (in Sade) over pathology (in Shakespeare). “Know thyself” over “Fear thyself”. Shakespeare keeps to the catharsis, the classical “purgation of passions,” where Sade heralds a new age of reason. Shakespeare marks the end of the tragical age. Sade marks the beginning of the philosophical age.

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Cogito

Dans le “Je pense, donc je suis,” rien d’autre n’est que l’être qui pense, rien d’autre n’a besoin d’être, toute autre réalité devient indifférente. C’est le pourquoi du plaisir de Sade. Toutes les formes de pensée sont passées au laminoir, toutes les formes d’être.

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Crime

“Le crime est un mode de la nature, un moyen dont elle meut l’homme.” La nature est chanson quand nous chantons comme elle est meurtre quand nous tuons. C’est elle qui tient effectivement ce pistolet ; elle, le bras tendu et le couteau levé, etc. La découverte de ce criminel- peut alors nous aider à nous en libérer et à éviter l’acte criminel, dans la compréhension que tout vient d’elle ; qu’il y a division entre elle et moi, un moi qui observerait un criminel potentiel qui n’est plus moi, mais qui n’en subira pas moins les conséquences d’une action qui n’est pas la sienne mais qui est celle d’une force agissant hors de lui.

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Cerveau

On oublie que le plaisir est toujours physique, qu’il se produit toujours dans cet organe  qu’est le cerveau, pas dans la verge, le vagin, la langue, le palais, les oreilles, le nez, les mains, etc. qui en sont les instruments. Ceux qui se définissent d’abord par l’esprit (les idéalistes, les cartésiens, mais aussi les croyants de toutes les religions) ne le font pas à partir d’une entité séparée ; ils le font toujours à partir de ce cerveau, qui génère toutes nos idées, nos sensations, passions, perceptions, ou concepts, etc. On peut aussi admettre avec Berkeley qu’il n’y a d’autre réalité que celle de la pensée et de la perception, mais c’est aussi à partir du cerveau qu’on doit le concevoir.

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Pensée

Sade nous donne la liberté de penser, il l’autorise, parce qu’il nous permet de comprendre que la faculté de penser non seulement vient de la nature, mais qu’elle en fait aussi partie, si bien qu’elle est le droit imprescriptible de tout individu. Toute pensée, telle qu’elle soit,  est nécessairement légitime. L’idée de la destruction de milliers de planètes comme la nôtre, par exemple, qui ne ferait pas la moindre différence dans l’univers, autorise aussi à concevoir la relativité de la destruction et nous rappelle que « …l’homme n’a été mis sur la terre que pour s’y amuser de tout. » Avec cette pensée est aussi donné le libre jeu de l’imagination, qui autorise toutes les pensées. En effet, nous pensons moins que nous ne sommes pensés, et nous des pensées aussi comme nous avons des dents, des doigts, ou emcore des désirs, etc. La pensée est produite par le cerveau comme la bile par le foie, ou le sperme par les testicules, un phénomène indépendant qui appartient à la nature. Un arbre produit des feuilles, et des fruits, une abeille du miel, le cerveau produit des pensées. Même en dormant, nous continuons à en produire, sans pourtant être là ni sans en être conscient.

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