Crime

Je pensais, en lisant « l’arbre du crime » chez Roland Barthes (que je n’avais pas encore lu), retrouver l’arbre du crime de Sade, mais il n’en est rien.

De quoi s’agit-il ?

L’arbre du crime de Sade ressemble à ceci : « Je voudrais que tous les hommes eussent chez eux, au lieu de ces meubles de fantaisie qui ne produisent pas une seule idée, je voudrais, dis-je, qu’ils eussent une espèce d’arbre en relief, sur chaque branche duquel serait écrit le nom d’un vice, en observant de commencer par le plus mince travers, et arrivant ainsi par gradation jusqu’au crime né de l’oubli de ses premiers devoirs. Un tableau moral n’aurait-il pas son utilité ? Et ne vaudrait-il pas bien un Téniers, ou un Rubens ? » (Oeuvres,  éd. Pléiade, vol. I, 458).

Roland Barthes, par contre, nous parle des structures du récit, de l’ « énoncé simplement constatif » de crimes duquel « s’élance[rait] l’arbre du crime ».

La différence porte sur l’éthique. L’arbre du crime sadien dévoile le sens d’un projet, tel qu’il apparaît d’abord dans le crescendo graduel des passions des Cent-Vingt Journées de Sodome : faire le tableau du crime ne consiste pas ici seulement à raconter des crimes (comme le suppose Barthes, pour qui Sade « dit pour dire »), mais à éduquer, et à enseigner la morale.

 

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