Fourier

Quatre remarques sur une interview avec Michel Onfray publiée dans Le Figaro  du 26/9/ 2014 (http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/09/26/31001-20140926ARTFIG00442-michel-onfray-sade-marine-le-pen-l-ecole-et-moi.php), sur le paragraphe suivant :

M.O. : “Sade est très chrétien: il jouit du mal infligé à la chair qui porte le péché originel. Le martyr est la voie royale qui conduit à la rédemption dans l’extase par la mort. Pas étonnant que la modernité littéraire, encore encombrée par le christianisme, ait préféré Sade à Fourier qui, lui, est un véritable féministe, un véritable libertaire, un véritable libérateur du genre humain, qui jouissait de la jouissance d’autrui et non de sa souffrance. Le sadisme est un gnosticisme chrétien…”.

1. Sade est très chrétien: il jouit du mal infligé à la chair qui porte le péché originel.

  • Que vient faire ici le péché originel ? Le mal infligé à la chair a toujours existé et est hélas loin d’être un monopole chrétien. Les personnages de Sade jouissent de ce mal parce qu’ils sont humains et que les humains jouissent du mal. Il n’y a rien de particulièrement chrétien là-dedans.

2. Le martyr est la voie royale qui conduit à la rédemption dans l’extase par la mort.

  • Nous sommes tous des martyrs. Epicure a lui aussi connu l’extase par la mort, et dit le jour de sa mort que c’était le plus beau jour de sa vie. Si la philosophie est apprendre à mourir, et c’est apprendre à être ce “martyr” que nous sommes tous.

3. Pas étonnant que la modernité littéraire, encore encombrée par le christianisme, ait préféré Sade à Fourier qui, lui, est un véritable féministe, un véritable libertaire, un véritable libérateur du genre humain, qui jouissait de la jouissance d’autrui et non de sa souffrance.

  • Fourier, le libérateur du genre humain ? Fourier est le chaînon manquant entre Kant et Auswitch, et alors que Juliette est l’œuvre fondatrice d’un vértitable féminisme ; ce n’est pas parce qu’elle est encombrée par le christianisme que la modernité littéraire a préféré Sade à Fourier, c’est au contraire parce qu’elle a reconnu en lui un véritable libérateur du christianisme. Sade “jouit” de la jouissance d’autrui dans la connaissance qu’il lui procure, pas de sa souffrance dans quelque enfer fouriériste d’orgies obligatoires.
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