Fear

« Léviathan est le nom d’un animal-machine à faire peur ou un organon prophétique et étatique, ce que je surnomme une prothétatique, qui marche à la peur et règne par la peur. Par exemple, au chapitre XXVII du Léviathan, la peur (fear) est définie < comme > la « seule chose » qui, dans l’humanité de l’homme, motive l’obéissance à la loi, la non-infraction à la loi et la conservation des lois. Le corrélat passionnel, l’affect essentiel de la loi, c’est la peur. Et comme il n’y a pas de loi sans souveraineté, il faudra dire que la souveraineté appelle, suppose, provoque la peur, comme sa condition de possibilité mais aussi comme son effet majeur. La souveraineté fait peur, et la peur fait le souverain. Le chapitre qui reconnaît dans la peur une passion politique fondamentale s’intitule « Des crimes, excuses et circonstances atténuantes » (« Of CRIMES, EXCUSES, and EXTENUATIONS »). À le lire ou relire, vous y verrez d’abord que les conditions pour qu’il y ait crime, au sens strict du terme, donc pour qu’il y ait infraction à la loi et infraction punissable par la loi, c’est qu’il y ait un souverain, une puissance souveraine. « Quand il n’y a pas de loi civile, il n’y a pas de crime (the Civill Law ceasing, Crimes cease) », dit Hobbes, ou encore : « Quand la puissance souveraine est absente, le crime aussi est absent, car là où une telle puissance n’existe pas, on ne peut avoir aucune protection de la loi, et donc chacun peut se protéger soi-même par sa propre puissance. » (Jacque Derrida. Séminaire La bête et le souverain, vol I. Galilée, 68-69.)

Par où se voit aussi établi un lien entre Hobbes et Sade. (Relire le pamphlet « Français, encore un effort pour être républicains. »)

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